Ce soir France 5 diffuse "The Game", thriller paranoïaque de David Fincher souvent mal considéré. Retour sur cet excellent film et explications de la fin.
The Game : un David Fincher à réhabiliter
David Fincher est considéré aujourd'hui comme un cinéaste majeur. Difficile de trouver des gros ratés dans sa filmographie. Et ses films sont souvent évoqués comme des références. Que ce soit avec Seven (1995), Fight Club (1999) ou Gone Girl (2014), le réalisateur a marqué les esprits. Ces trois films sont probablement ceux qui reviendront le plus en tête au public. Mais il ne faudrait pas négliger The Game (1997), que certains auront probablement oubliés, et qui a divisé les spectateurs, car il s'agit malgré tout d'un excellent thriller paranoïaque qui mérite d'être réhabilité.
À sa sortie, le film n'a pas été un échec financier, et une partie de la critique s'est montrée enthousiaste, comme Positif qui lui donnait 4 étoiles sur 5 et écrivait : "Avec humour, le scénario multiplie les fausses pistes, s’ingéniant à placer son trop sérieux protagoniste dans les situations les plus saugrenues". Cependant, comme le notait le critique et scénariste Laurent Vachaud dans un article deVariety sur The Game, le film reste "moins bien considéré que (les autres films de David Fincher) pour le côté extrêmement déceptif de la fin. Le public a eu l’impression qu’on se fichait de lui".
Mais avant d'en arrive à la fin, rappelons que The Game suit Nicholas Van Orton (Michael Douglas), un riche homme d'affaires, qui s'apprête à fêter ses quarante-huit ans. Un homme froid et détaché, qui ne semble plus trouver de plaisir dans la vie. Son petit frère, Conrad Van Orton (Sean Penn), lui offre alors en guise de cadeau une carte de visite de CRS, une société d'organisation de spectacles. Dès qu'il aura appelé cette entreprise, Nicholas enclenchera un jeu. Intrigué par ces mystères, Nicholas accepte et voit sa vie basculer.
L'explication de la fin du film
Avec The Game, David Fincher met en scène un jeu mental, laissant constamment le doute au spectateur et à son héros sur ce qui relève du jeu ou non. Car après avoir subi tout un tas de tests pour CRS, Nicholas apprend qu'il est recalé. Ce qui provoque sa colère et sa frustration. Sauf qu'alors qu'il pense revenir à sa vie normale, il sera en réalité toujours dans le jeu. Le film insiste ainsi sur la paranoïa qui découle d'une telle situation, où il devient impossible de distinguer le vrai du faux. Et pour faire grimper la tension, David Fincher confronte son personnage à des trahisons, des pertes financières et des violences. Seulement, la révélation finale nous fait comprendre que tout cela relevait d'un plan minutieux imaginé par CRS.
Dans le dernier acte, Nicholas pense que l'entreprise l'a manipulé pour le voler. Il parvient tout de même à retrouver une piste et se rend dans un bâtiment où se trouvent les employés. Une fois sur le toit et après une prise d'otage, paniqué, Nicholas tire sur son frère qui fait irruption. Pensant l'avoir tué, il décide de se suicider en sautant du bâtiment, mais atterrit sur un coussin géant. C'est alors que toutes les personnes impliquées le rejoignent et le félicitent. Même son frère Conrad qui n'est en fait pas mort.
Entre catharsis et rapport au divertissement
Tout cela a donc été orchestré par CRS pour pousser Nicholas à la catharsis et à devenir un homme meilleur, comme l'expliquait toujours Laurent Vachaud.
Ce que le film raconte, c’est le sauvetage d’un homme, son retour à la vie. Si le générique mettait en avant le trauma originel du héros, à savoir le suicide de son père, qui sautait du toit de sa maison, le final y répond en montrant le héros vivre lui-même le drame à son tour, mais dans ce qui se révélera une simulation destinée à le faire sortir de sa torpeur.
En effet, on apprend dès le début de The Game que le père de Nicholas est mort à 48 ans. Alors enfant, Nicholas s'est retrouvé soudain avec de lourdes responsabilités, a perdu le contrôle sur sa vie et a dû se renfermer pour se protéger. D'où sa froideur et son caractère hautain. The Game est en cela un film sur le trauma, mais aussi sur le monde du divertissement. David Fincher faisant une mise en abyme avec CRS qui a tout d'un plateau de cinéma ou de télévision, avec des acteurs, des décors et un scénario à suivre. Enfin, on peut y voir un questionnement sur notre rapport au contrôle et au libre arbitre dans la société, puisque tout ce qu'a fait et subi Nicholas était finalement prévu.